EUROPE/AMÉRIQUE
LETTRE AUX ANIMATEURS MISSIONNAIRES
‘Si vous saviez le don de Dieu’
Jean 4,10
Rome, le 28 février 2007
Chers confrères,
Durant le mois de février le Conseil Général
a échangé en profondeur sur le sujet de l’animation
missionnaire et vocationnelle. Il nous a en effet semblé
urgent de réagir car nous avons perçu un certain découragement,
un doute, un questionnement même de la part de quelques confrères
d’Europe et d’Amérique. Avons-nous encore le droit
d’appeler des jeunes d’Europe ou d’Amérique
à la vocation missionnaire quand on connaît la moyenne
d’âge de nos communautés ?
Tout d’abord une constatation. Tout n’est pas terminé. Nous avons encore aujourd’hui quelques candidats originaires des Provinces d’Europe et d’Amérique. De l’Italie, des États-Unis et de l’Espagne, nous avons à chaque fois un candidat en formation. La France a quelques contacts réguliers avec des jeunes qui réfléchissent sérieusement à la possibilité de s’engager. Ailleurs aussi sans doute ! Et n’oublions pas que le Mexique et la Pologne font partie de l’hémisphère nord.
Même si ces deux maisons sont loin d’être
pleines, de nouveaux candidats s’y présentent tous les
ans de façon régulière. Enfin ces dernières
années quelques Européens ont osé faire le
pas de l’engagement définitif ou temporaire et ce fut
un succès. Ils sont certes plus âgés que ne
l’étaient leurs prédécesseurs, mais leur
engagement n’en est pas moindre.
Les candidats africains nous le disent très
souvent : un des aspects essentiels qui les attire chez nous, c’est
le caractère international multiracial de la Société.
L’arrivée de candidats d’Europe et d’Amérique
répondra certainement à l’attente de nos futurs
confrères africains.
Jésus nous demande de « prier le Maître
de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson »
(Luc 10, 2). Le maître a-t-il changé d’avis ?
La demande de Jésus ne vaut-elle plus pour aujourd’hui,
ou ne vaut-elle plus que pour certains continents ou pays encore
riches en vocation ? Ce n’est pas parce que les réponses
se font moins nombreuses que l’invitation du Christ ne tient
plus. Cela, c’est à lui de décider et non pas
à nous. Notre devoir est de proposer, sans peur et sans honte,
la vocation de Missionnaires d’Afrique. Le reste dépend
de Dieu et de la liberté de chacun à y répondre.
Ne l’oublions pas. Ce n’est pas nous qui appelons. C’est
Dieu qui appelle et choisit qui il veut (Jean 15, 16). Une vocation,
c’est un don, un don de Dieu, un don gratuit au monde, un don
parfois incompréhensible et souvent surprenant. La vocation,
c’est un peu comme cette graine que le semeur sème dans
son champ : « Qu’il dorme et qu’il se lève,
nuit et jour, la semence germe et pousse, il ne sait comment »
(Marc 4, 27).
Même si dans chaque Province un ou plusieurs confrères ont été spécialement nommés pour assurer le ministère d’animateur missionnaire et vocationnel, la promotion des vocations est la tâche de tous.
«Viens suis moi, je ferai de toi un pêcheur d’homme ! »
2000 ans après l’appel de Jésus,
quel langage utiliser pour rejoindre les jeunes ? Les Rédemptoristes
se présentent comme « Semeurs d’espérance
» et les Jésuites demandent « Qu’est-ce
qu’il y a dans ton cœur ? Nos cœurs désirent
parfois plus qu’un travail ! » À dr., une pub
d’un diocèse américain : « Pouvez-vous
entendre l’appel de Dieu sur votre iPod ? Gagnez un iPod !
» L’iPod est un lecteur portatif de musique numérique
(appelé ‘baladeur numérique’ ou abusivement
‘baladeur mp3’). Ce lecteur Apple est le plus vendu au
monde : 100 millions d’exemplaires achetés depuis octobre
2001 (de 250 à 350 $ US !).
« La moisson est abondante et les ouvriers peu
nombreux. Priez… » Nous sommes invités par Jésus
à une prière confiante, renouvelée et communautaire
pour les vocations. La prière pour les vocations est présente
dans le Notre Père lorsque nous prions pour le Royaume. Nous
ne demandons pas que le Seigneur remplisse nos maisons de formation,
mais qu’il prenne soin de sa moisson. La mission que nous poursuivons
en Afrique n’est pas la nôtre, mais celle que Dieu nous
a confiée. Nous ne recherchons donc pas notre intérêt,
mais l’avancée du Royaume. En priant le Notre Père,
nous adressons aussi au Père une prière bien spécifique
pour les vocations Missionnaire d’Afrique.
« Maître, où habites-tu ? Venez
et voyez ! » (Jean 1, 38). Les apôtres sont restés
auprès de Jésus ce soir-là et ne l’ont
plus quitté. La simplicité et la chaleur de notre
vie communautaire sont des points très souvent cités
par ceux qui veulent nous rejoindre. La façon dont nous accueillons
nos visiteurs est capitale. Elle peut être une invitation
à revenir. Nous voir rayonner de la joie de missionnaires
âgés, même retraités, mais toujours missionnaires
dans l’âme, voilà ce que les jeunes attendent
de nous.
« Beaucoup sont appelés, mais peu sont
élus » (Mathieu 22, 14). Une vocation se discerne et
nous avons ici un rôle important à jouer. Tous les
jeunes chercheurs de Dieu qui se présentent ne sont pas aptes
à la vie communautaire internationale telle que nous la concevons
dans la Société. L’ouverture d’esprit et
la souplesse sont des aptitudes nécessaires pour l’adaptation
à d’autres cultures et à notre style de vie.
Nous connaissons tous les défis que représente un
engagement à la mission au sein de la famille des missionnaires
d’Afrique : service de l’Église en Afrique, engagement
à vie, option préférentielle pour le dialogue
et la Justice, vie internationale. Il est absolument nécessaire
de présenter objectivement et honnêtement ces défis
au jeune qui se présente, n’hésitant pas à
lui parler aussi de la moyenne d’âge de 69 ans, de la
rareté des vocations dans les vieilles Provinces… À
lui de décider ensuite si, avec l’aide de Dieu, le défi
est à sa mesure.
« Maître, nous avons peiné toute
une nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je vais lâcher
les filets » (Luc 5, 1-11). Le Chapitre était audacieux
en nous proposant de « redynamiser l’animation missionnaire
et vocationnelle ». C’est à cette intuition que
nous voulons rester fidèles en osant encore une fois jeter
le filet, même en une eau apparemment asséchée.
En achevant cette lettre nous voulons remercier très
particulièrement tous ceux qui œuvrent à l’animation
missionnaire et vocationnelle. Les rapports reçus de quelques
Provinces sont des signes clairs que le feu n’est pas éteint
au cœur de la plupart d’entre nous. Que le souffle de
l’Esprit ravive cette flamme qui ne veut et ne peut s’éteindre
!
Georges Jacques
Assistant Général
Webmaster-NL |